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Xihongshi
9 septembre 2006

La bibliothèque de la BLCU

A la demande générale de mon amie Anne, encore un souvenir de Chine.

Il faut savoir que je suis une lectrice assidue, et que je ne peux pas pratiquement pas vivre sans livres. J'en ai plusieurs centaines qui débordent des placards et que j'ai lus plusieurs fois pour la plupart (je suis obligée de limiter mes achats, pour des raisons de place et de porte-monnaie). Mes listes de cadeaux de Noël consistent généralement en une suite de titres, j'écume les bouquinistes et essaie d'éviter les librairies qui sont pour moi pires que des boulangeries niveau tentation. J'ai pas mal fréquenté les bibliothèques, cependant c'est extrêmement frustrant pour moi de devoir rendre les livres et je finis en général par les acheter...

Mais comment faire alors quand on doit passer plusieurs loin de chez soi et de ses chers bouquins, et qu'on a droit à 23 kg de bagages seulement?

On en emporte un peu, des gros dont on sait que la relecture sera un plaisir (en 2000, quelques John Irving, en 2004, le Jin Ping Mei) mais ça ne dure pas longtemps. Ensuite on emprunte les bouquins des copines, et des copains.

Et au mois de décembre 2000, après avoir fait connaissance avec la délicieuse Lili, habitante de la chambre presque en face, on va à la bibliothèque de la Fac, la BLCU, Beijing Language and Culture University, autrefois connue sous le nom de Yuyan xueyuan, où étudièrent les fameux Gubo et Palanka, qui sont les Daniel et Valérie de l'étudiant en chinois...

Mais d'abord, une petite disgression sur ma chambre, sise au quatrième étage (le cinquième pour les chinois qui comptent le rez-de-chaussée) de l'immeuble des filles boursières, et qui porte ce numéro fantastique :508. Si vous vous demandez pourquoi c'est si fantastique d'habiter la chambre 508, sachez que ce numéro se prononce wu yao ba, ce qui est extrêmement proche phonétiquement de wo yao fa, phrase qui veut dire je vais gagner de l'argent! Alors que j'aurais très bien pu tomber sur la chambre 504, wu yao si, très proche de wo yao si, je vais mourir...

Toujours est-il qu'au bout de quelques mois, j'étais à court de livres, et même si je peux lire en chinois, ça me fatigue un peu (c'est toujours écrit tout petit), en anglais, les bouquins étaient un peu trop chers (l'immeuble des boursières, j'ai dit!) et puis quand je suis en Chine, j'ai envie de camembert, de chocolat et de blanquette de veau, et aussi de lire en français! Je suis une fille contrariante, parce que maintenant je rêve de véritable kaoya (promis je fais un post sur tous les mots mystérieux dans très peu de temps, mais si vous voulez avoir une petite idée, copiez-collez et faites une recherche), de hongchao qiezi, de huanggua jidan, de musu rou, de jingjiang rousi, de zha xian nai, de baozi, de jiaozi etc...

Et soudain j'eus une idée lumineuse : aller à la bibliothèque (oui, il m'a fallu trois mois, je sais...) et faire établir une carte de prêt. Comme les campus chinois sont de vraies petites villes avec des dizaines de restos, de magasins, d'étalages de fruits et légumes (si jamais quelqu'un de la BLCU me lit, j'aimerais bien savoir s'il faut toujours acheter ses tickets de cinéma chez le marchand de fruits pour ne payer que 12 kuais au lieu de 25), je suis allée me faire tirer le portrait chez Kodak pour pouvoir faire cette fameuse carte porteuse de promesses.

Ce serait une litote que de dire que la dame de l'accueil n'était pas très accueillante. Elle avait l'oeil torve, le cheveu roussâtre et filasse, les lèvres plus bas que le menton, et un regard pas exactement illuminé de joie de vivre. Et cela ne s'est pas arrangé avec le temps.

En effet, nous avons pu découvrir un immense rayonnage de livres en français, y compris des traductions de romans chinois ou russes, tous plus poussiéreux les uns que les autres. Nous avions droit à 5 livres par semaine, et je lisais donc 5 livres par semaine, au grand désespoir de notre accorte hôtesse. Car ces livres en français, avec toute leur poussière, n'avaient pas quitté la bibliothèque depuis des lustres, et n'étaient donc pas répertoriés dans le registre informatisé. Notre garde-chiourme ex-garde-rouge (vu son âge, c'est plus que certain) se voyait donc contrainte de prendre le livre en parsemant au passage pas mal de poussière sur sa splendide blouse marron synthétique, et d'en noter les références dans une langue bizarre pleine d'accents, avant de nous les tendre, sans dire un seul mot ni esquisser le moindre sourire, et ceux cinq fois d'affilée, une fois par semaine (le vendredi en général, juste pour lui donner envie d'être en weekend).

Mais j'ai pu lire tout Balzac, le Rêve dans le Pavillon Rouge, pas mal de livres chinois (y compris quelques ouvrages polémiques consacrés aux "événements "de 89), et puis quelques bouquins en anglais, parce que je suis contrariante!

Et j'aimerais bien retourner faire un tour dans cette bibliothèque, pour voir si le cerbère féminin y travaille encore (c'est impressionnant à quel point je me rappelle son visage!).

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Commentaires
L
Bon, moi, c'est décidé, j'arrête d'avoir des amis! Ils font que m'envoyer des mots sympas, c'est trop énervant!
B
c'est marrant ça. Je suis en pleine période de nostalgie de la chie. Je fais un tour sur ton blog. Et PAF ! J'en prend plein les yeux, plein la tête... Je l'aime moi aussi cette Chine, mais j'ai surtout aimé y passer de merveilleux moments en compagnie des 3 plus adorables déjantées que je connaisse.<br /> bises à vous 3
A
Xiexie ni lufanni xiaojie, alligato crocodile kopchailailai!
Xihongshi
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